Pour Jacqueline (Ida Faubert)

Qu’on parle tout bas : la petite est morte.
Les jolis yeux clairs sont clos à jamais ;
Et voici déjà des fleurs qu’on apporte...
Je ne verrai plus l’enfant que j’aimais.

Je rêve sans doute et l’enfant sommeille :
Pourquoi, près de moi, dit-on qu’il est mort ?
Pas de bruit surtout ! Que rien ne l’éveille !
Ne voyez-vous pas que ma fille dort ?

Mais elle a gardé la bouche entr’ouverte ;
Sa joue est bien pâle et son front glacé ;
Son petit corps semble une chose inerte...
Agenouillez-vous, la mort a passé !...

...

Alors, c’est fini ! tes prunelles closes
Jamais ne verront le ciel rayonnant !
Tu dors pour toujours au milieu des roses,
Toi, mon sang, ma chair, ô toi, mon enfant !

Je ne verrai plus ton joli sourire ;
Jamais tes regards ne me chercheront ;
Tes petites mains qu’on croirait de cire,
Jamais, plus jamais ne me toucheront !

Adieu, mon amour, adieu, ma jolie !
Je n’entendiai plus ton rire joyeux !
Ah ! comment guérir ma triste folie ?
Comment vivre encore ; je n’ai plus tes yeux !

Et voici soudain qu’on ouvre la porte !
On t’arrache à moi, mon ange adoré !
Mais dans le cercueil, afin qu’on l’emporte,
Près du tien, j’ai mis mon cœur déchiré.

Oh ! ne parlez plus : la petite est morte...



Ida Faubert (1882-1969)