Nos maisons (Monique Laederach)

Nos maisons cependant n'ont pas toujours été
de cette pierre froide et nue
aride comme du sel, blanches dehors
blanches dedans
celui qui entre n'est pas entré n'est pas sorti,
nulle part
l'arête de la flamme, l'obscurité
la lampe
ni l'horizon ni l'arbre ni le vent,
le regard même devenu marbre
et sans échange, comme si l'iris s'était figé
sur un hiver interminable
gelé partout, et jusque dans mon œil
jusque dans ma mémoire −
Non.

Il y eut des temps, si tu les cherches
où nous savions le bois de nos maisons,
dehors la terre, le feu dedans
la porte ouverte
et chaque soir le vent.


Monique Laederach, Si vivre est tel, L'Âge d'Homme, 1998