Avoir bu les étoiles (Adrien Mithouard)

Le ciel était de nuit, d’astres et de silence.

Au fleuve alors, où l’onde agitait la semblance
Des paysages et des univers en jeu,
Je puisai l’eau frigide où frissonnait du feu :

Plaines (Jules Tellier)

Sous le ciel confus d’une matinée de nuages et d’orage, les deux jetées fermaient la rade aux trois quarts, tournées l’une vers l’autre ainsi que seraient au repos les deux pinces d’un grand crabe étendu.

Les Paroles d’un Maudit (Stanislas de Guaita)

A Charles Delacour

I

S’il est vrai, Dieu puissant, ô toi que j’adorai,
Qu’en paradis, où dort ta muette indolence,
Tu te laisses bercer au soupir qui s’élance
De mon corps maladif et de mon coeur navré ;

Nous sommes venus (Jean-Pierre Siméon)

Et nous sommes venus par des chemins brisés
disent les poètes disent les amants
et nous sommes venus à la beauté
qui n’est rien sans les ronces
qui la blessent

Le faux dormeur (Louise de Vilmorin)

Bouquets épanouis aux revers des vainqueurs
Feuillages de minuit, fleurs de l’heure dernière
Blanchissez, pâlissez et tombez en prière
L’enfant de mes soucis, mon petit Roi de cœur,
Dort en tenant au poing le hochet de ma peur.

Équinoxe (Edith Henry)

L’horizon a taillé mes cheveux,
les a dispersés au déchu des saisons.
Mes incisives bandent encore des réponses furtives
à d’incorrigibles baisers.

Le Prêtre. Les angoisses (Marie Noël)

Pourquoi m’avez-vous mis, ô mon Dieu
En contradiction avec vous ?

JOB

Souvenez-vous de ma douleur
En même temps que de ma révolte.

JÉRÉMIE

Êtes-vous là, mon Dieu ? Moi, votre pauvre prêtre
Qu’un jour hors du bonheur votre voix appela,
Me voici comme alors devant Vous, ô mon Maître.
Mais Vous que j’ai suivi, Seigneur, êtes-vous là ?

Sonnet au rêve (Gabrielle Basset d’Auriac)

Laisse-moi, j’ai besoin d’écouter le silence,
L’ombre pèse sur moi, le nuit me parle bas ;
Laisse-moi, c’est le temps où mon rêve commence,
Mon cœur serait distrait, tu ne comprendrais pas.

Homo (Fernand Gregh)

Je rentre enfin, laissant derrière moi la Ville ;
Et, dans ma chambre étroite où s’assombrit le soir,
Je reconnais à peine, au tond du vieux miroir,
Mon visage flétri par la vie âpre et vile.

Tristesse (Fernand Gregh)

Ô tristesse des murs autour de moi, ce soir !
Mystérieuse angoisse, étrange désespoir
Diffus dans l’air paisible et muet de la chambre,

Carthage (Édouard Glissant)

V

La mer crie mais la mer bientôt s’éteint. Et le soldat
La gonfle de cadavres, de prurits. La mer accueille

J’arriverai avec les bras... (Stève-Wilifrid Mounguengui)

J’arriverai parmi les vents
Un jour couvé de soleils
Le jour sera à son midi
J’arriverai les bras chargés de pluie

C’est de mourir sans toi (Stève-Wilifrid Mounguengui)

Ni la nuit
Ni l’attente n’avaient été longues
C’est de t’aimer sans mot

La crue de nos songes (Stève-Wilifrid Mounguengui)

Te souviens-tu
Comme étaient rêveuses
Nos nuits nubiles
Dans la paume de nos mains

Attente (Stève-Wilifrid Mounguengui)

Ne me laisse plus au dehors de tes rêves
Il fait si froid
Regarde les étoiles grelottent

Œdipe (Tristan Cabral)

pour Jean-Michel Fossey,
cet « outlaw » considérable…


car nous serons jugés
aux blessures généreuses
car nous serons jugés
à tout ce sang versé

Et je dévore les lèvres (Tatiana Gerkens)

Et je dévore les lèvres des histoires interdites
je transgresse les lois des vivants
je lèche la plaie béante des nuits sacrilèges
la pierre aiguë du silence
l’écorce noire du désir

D’Elle question… (Claude Cailleau)

Narratif 1 (fragment)

Il y a de la pluie, toujours, dans les regards perdus. Des lointains, une voix qui appelle. C’est Elle. Je l’ai vue qui venait sur le revers trouble du jour. Elle. Qui venait, incertaine, qu’apaise un souvenir. Mais s’en va…