Le poème de la quinzaine / fin août 2015

Le moderne :

Dominique Sampiero, Héritage de la stupeur

Il faut quelqu’un pour mourir. Et quelqu’un pour regarder mourir. Une fleur, un vase. Un baiser, une bouche. Un regard pour celui qui part, un regard pour celui qui veille. Ce don des larmes retenues, ce mouvement secret des sources au centre des pupilles, inachevé jusqu’à la mort et longtemps après, tissé du premier au dernier souffle entre la mère et l’enfant, laisse fléchir le monde doucement dans sa sagesse.
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L’ancien :

Charles Leconte de Lisle, Le Nazaréen

Quand le Nazaréen, en croix, les mains clouées,
Sentit venir son heure et but le vin amer,
Plein d’angoisse, il cria vers les sourdes nuées,
Et la sueur de sang ruissela de sa chair.
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La trouvaille :

Christine de Pizan, De triste cœur

De triste cœur chanter joyeusement
Et rire en deuil c’est chose fort à faire,
De son penser montrer tout le contraire,
N’issir doux ris de dolent sentiment
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Le poème de la quinzaine / début août 2015

Le moderne :

Alain Le Beuze, Les chemins

Les chemins
Se rencontrent
Se reniflent
Se tutoient
Se racontent
S’apprivoisent
S’éloignent
Se recherchent
Se retrouvent
Aux carrefours des doigts.

L’ancien :

Max Jacob, Dans la forêt silencieuse

Dans la forêt silencieuse, la nuit n’est pas encore venue et l’orage de la tristesse n’a pas encore injurié les feuilles. Dans la forêt silencieuse d’où les Dryades ont fui, les Dryades ne reviendront plus.
Dans la forêt silencieuse, le ruisseau n’a plus de vagues, car le torrent coule presque sans eau et tourne.
Dans la forêt silencieuse, il y a un arbre noir comme le noir et derrière l’arbre il y a un arbuste qui a la forme d’une tête et qui est enflammé, et qui est enflammé des flammes du sang et de l’or.
Dans la forêt silencieuse où les Dryades ne reviendront plus, il y a trois chevaux noirs, ce sont les trois chevaux des Rois mages et les Rois mages ne sont plus sur leurs chevaux ni ailleurs et ces chevaux parlent comme des hommes.
Source : Le cornet à dés, repris sur le site Recours au poème

La trouvaille :

Jules Barbey d’Aurevilly, La Haine du soleil

Un soir, j’étais debout, auprès d’une fenêtre...
Contre la vitre en feu j’avais mon front songeur,
Et je voyais, là-bas, lentement disparaître
Un soleil embrumé qui mourait sans splendeur !
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