Le poème de la quinzaine / fin décembre 2017

Le moderne :

Lydie Dattas, La beauté est partout

Chaque jour que je vis est le plus beau de tous :
la beauté est partout où mon regard se pose
depuis que j’ai donné mon cœur à la beauté.
Mon âme dans la nuit mettait son espérance
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L’ancien :

Émile Verhaeren, Chanson de fou

Je les ai vus, je les ai vus,
Ils passaient, par les sentes,
Avec leurs yeux, comme des fentes,
Et leurs barbes, comme du chanvre.
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La trouvaille :

Lazare de Selve, Sur l’Évangile du jugement

Quand je pense, Seigneur, à cette fin du monde,
À ces astres tombant du haut du firmament,
À ces flambeaux du ciel éclipsés promptement
Et à ce feu brûlant l’air, et la terre et l’onde.
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Le poème de la quinzaine / début décembre 2017

Le moderne :

Julie Delaloye, Élection

Et sentir dans le soir qui monte, la fraîcheur d’une nuit d'été,
attendre, ne rien faire,

assis sur un banc ou sur l’escalier en pierre,
le regard par-delà la barrière en bois brisée,

être là, être juste là,
devant ce chalet, paradis jaune de nos souvenirs.

Être là, avec toi,
et apprendre à ne plus oublier.

Source

L’ancien :

Paul Valéry, Au platane

Tu penches, grand Platane, et te proposes nu,
        Blanc comme un jeune Scythe,
Mais ta candeur est prise, et ton pied retenu
        Par la force du site.
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La trouvaille :

Francis Vielé-Griffin, J’étais jeune

J’ai couru d’abord ; j’étais jeune ;
Et puis je me suis assis :
Le jour était doux et les meules
Étaient tièdes, et ta lèvre aussi ;

J’ai marché, j’étais grave,
Au pas léger de l’amour ;
Qu’en dirai-je que tous ne savent ?
J’ai marché le long du jour ;

Et puis, au sortir de la sente,
Ce fut une ombre, soudain :
J’ai ri de ton épouvante ;
Mais la nuit m’entoure et m’étreint.

Le poème de la quinzaine / fin novembre 2017

Le moderne :

Claude Esteban, Les ronces m’ont déchiré

Les ronces m’ont déchiré, le gel
a crevassé mon âme
et j’ai dit que cette lande était maudite,
mauvaise et sans espoir
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L’ancien :

Pierre Corneille, Que la vérité parle au dedans du cœur sans aucun bruit de paroles

Parle, parle, Seigneur, ton serviteur écoute :
Je dis ton serviteur, car enfin je le suis ;
Je le suis, je veux l’être, et marcher dans ta route
Et les jours et les nuits.
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La trouvaille :

Delphine de Girardin, Désespoir

Déjà mon cœur me quitte, et la mort me réclame,
Et je ne la crains pas : pourquoi me secourir ?
Vers le Ciel qui l’attend laisse voler mon âme.
Oh ! ma sœur, laisse-moi mourir !
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Le poème de la quinzaine / début novembre 2017

Le moderne :

Marcelin Pleynet, Provisoires amants de nègres

Ici les rivières n’ont plus de nom – Le pays cherche encore sa lumière – Nous sommes sans nouvelles de nos ancêtres
Nous nous sommes arrêtés ici – Sans nous connaître nous nous rassemblons – nous échangeons nos souvenirs de guerre – nos plaies ne sont pas les mêmes elles se cicatrisent – nous ne sommes pas seuls
Nous sommes dans un pays gelé
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L’ancien :

Pierre de Marbeuf, La mer et l’amour

Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage,
Et la mer est amère et l’amour est amer,
L’on s’abîme en amour aussi bien qu’en la mer,
Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.
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La trouvaille :

Lucie Delarue-Mardrus, Ainsi soit-il

Je souris maintenant à mon rêve exaucé,
À cette destinée imprévue et fatale
Qui ramène de loin vers la côte natale
Mon cœur qui s’y était, malgré tout, fiancé.
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Le poème de la quinzaine / fin octobre 2017

Le moderne :

Edith Henry, Ils ont pris l’amour de ma vie

Donnez-moi un cheval, la montagne est rude,
monte et descend le chemin jusqu’à ses larmes.
Donnez-moi les rênes pour la rejoindre,
la neige efface déjà ses pas
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L’ancien :

Théodore Agrippa d’Aubigné, Les lys me semblent noirs

Les lys me semblent noirs, le miel aigre à outrance,
Les roses sentir mal, les œillets sans couleur,
Les myrtes, les lauriers ont perdu leur verdeur,
Le dormir m’est fâcheux et long en votre absence.
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La trouvaille :

Jean Cassou, Sonnet VIII

Il n’y avait que des troncs déchirés,
que couronnaient des vols de corbeaux ivres,
et le château était couleur de givre,
ce soir de fer où je m’y présentai.
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Le poème de la quinzaine / début octobre 2017

Le moderne :

Stève-Wilifrid Mounguengui, C’est de mourir sans toi

Ni la nuit
Ni l’attente n’avaient été longues
C’est de t’aimer sans mot
Plus que toutes les fleurs
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L’ancien :

Nicolas Boileau, Satire X (Du mariage)

Enfin, bornant le cours de tes galanteries,
Alcippe, il est donc vrai, dans peu tu te maries.
Sur l’argent, c’est tout dire, on est déjà d’accord.
Ton beau père futur vide son coffre-fort
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La trouvaille :

Hélène Picard, Lâcheté

Ah ! pouvoir, lâchement, montrer toute sa peine,
Pouvoir montrer sa misérable tare humaine,
Son péché, son malheur avec les bras ouverts,
Tout ce qui fait de l’ombre au fond des yeux amers...
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Le poème de la quinzaine / fin septembre 2017

Le moderne :

Pierre Judide, La nuit de Dieu

A genou,
nu,
dans la haute nef.
Livré au terrible silence.
Des dalles monte
le froid de mort.
Vagues vitraux
de laiteuse nuit.
Nu,
face contre le sol,
abandonné
au vertige de nuit,
à la nuit infinie
où naissent et meurent
infiniment les mondes.
Seigneur,
quand montreras-tu ton visage ?
Source

L’ancien :

Catherine Pozzi, Ave

Très haut amour, s’il se peut que je meure
Sans avoir su d’où je vous possédais,
En quel soleil était votre demeure
En quel passé votre temps, en quelle heure
Je vous aimais
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La trouvaille :

Jules Tellier, Nocturne

Nous quittâmes la Gaule sur un vaisseau qui partait de Massilia, un soir d’automne, à la tombée de la nuit.
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Le poème de la quinzaine / début septembre 2017

Le moderne :

Marie-Josée Desvignes, Requiem

C’est un ciel de braise à perte de vue – au-dessus d’une mer sombre, agitée – l’écume des vagues – l’aube – c’est une foule anonyme pressée sur la colline, leurs pieds nus dans le sable – leurs sillons irréguliers – grain sombre, précieux – les nuages – ensemble – une tempête s’annonce – orchestration sauvage – juste, juste avant, c’est la nuit – Une femme – brune, cheveux relevés – scrute l’horizon – son sourire se perd dans le noir – elle croise ses mains – elle écoute la mer – couleurs profondes, mots-sources, déjà entendus d’elle.
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L’ancien :

Victor Hugo, Demain, dès l’aube…

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
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La trouvaille :

Jean-Antoine de Baïf, Ô ma belle rebelle

Ô ma belle rebelle,
Las, que tu m’es cruelle !
Ou quand d’un doux souris,
Larron de mes espris
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Le poème de la quinzaine / fin août 2017

Le moderne :

Jean-Claude Renard, Femme de soleil blanc

Femme que la lumière et que la mer saluent
je salue dans ton corps le peuple de l’été,
je salue dans ton corps où la nuit m’a jeté
l’enfance qui commence et la lune qui mue.
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L’ancien :

René Guy Cadou, 30 mai 1932

Il n’y a plus que toi et moi dans la mansarde
Mon père
Les murs sont écroulés
La chair s’est écroulée
Des gravats de ciel bleu tombent de tous côtés
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La trouvaille :

Dominique Hippolyte, Laetitia, la noire

Avril est dans les champs. Mets ta robe d’indienne,
Ton collier de corail, ton « tignon » de madras
Et prends, ô Laetitia, la route quotidienne,
Car il me faut encor l’étreinte de tes bras.
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Le poème de la quinzaine / début août 2017

Le moderne :

Alexandre Nicolas, de quoi rêve-t-on quand tout s'efface ?

le sang gelait
autour de mon cœur,
j’étais trop vide
pour être aimé ce soir
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L’ancien :

Louise Labé, Je vis, je meurs

Je vis, je meurs : je me brûle et me noie.
J’ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie
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La trouvaille :

Jean Carrère, Le Sermon sur la Montagne

Il montait. – Ses habits étaient pétris de neige,
Les hommes fascinés ne s’en approchaient pas ;
Mais les femmes frôlaient sa robe en gai cortège,
Et les petits enfants sautillaient sous ses pas.
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Le poème de la quinzaine / fin juillet 2017

Le moderne :

Salah Al Hamdani, Seul le vieux tapis fleurissait le sol

La maison avait changé d’adresse
ma photo avait changé de place
la table avait été pliée derrière la porte
la chaise de mon père, aussi
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L’ancien :

Théophile de Viau, Au moins

Au moins ai-je songé que je vous ai baisée,
Et bien que tout l’amour ne s’en soit pas allé,
Ce feu qui dans mes sens a doucement coulé,
Rend en quelque façon ma flamme rapaisée.
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La trouvaille :

Mathilde Delaporte, Soif de la terre

C’est l’été, l’été chaud, et c’est l’heure accablée ;
Les blés s’inclinent, lourds du grain au soleil cuit ;
À force de rayons la terre est aveuglée ;
L’ardent Midi s’endort, morne comme un minuit.
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Le poème de la quinzaine / début juillet 2017

Le moderne :

Julie Delaloye, L'automne s’est couché comme un soleil

L’horizon déborde.
Mon étoile est morte, hier, d’un frimas d'octobre, d’une goutte d’eau sur l’ombre froide. J’ai respiré noir sur la fente de son dernier sourire, de ce berceau nocturne, où palpite désormais la clarté de notre grain de sable éternel.
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L’ancien :

Alfred de Musset, À Laure

Si tu ne m’aimais pas, dis-moi, fille insensée,
Que balbutiais-tu dans ces fatales nuits ?
Exerçais-tu ta langue à railler ta pensée ?
Que voulaient donc ces pleurs, cette gorge oppressée,
Ces sanglots et ces cris ?
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La trouvaille :

Charles-Louis de Malfilâtre, Traduction du psaume 156

Assis sur les bords de l’Euphrate,
Un tendre souvenir redoublait nos douleurs ;
Nous pensions à Sion dans cette terre ingrate,
Et nos yeux, malgré nous, laissaient couler des pleurs.
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Le poème de la quinzaine / fin juin 2017

Le moderne :

Charles Le Quintrec, Vieux pays

Il me souvient d’un vieux pays d’herbe et de brume
On y mène parfois les âmes. Le silence
Y règne dans le vent qui rameute la mer
C’est là-bas… Quelle baie pour y plonger le ciel
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L’ancien :

Marie Noël, Quel Père ai-je, ô mon Père ? Toi !

Père, c'est vrai. Souvent la nuit,
Quand je ne sais plus où je suis,
Plus où tu es, à la male heure
De l'abîme, je vague, pleure
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La trouvaille :

Rémy Belleau, Affranchi de prison

Or je me suis affranchi de prison,
Où me tenait cruellement en ferre
L’enfant Amour, je vais libre sur terre
Sauvé des flots, et repris ma raison
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Le poème de la quinzaine / début juin 2017

Le moderne :

Roland Nadaus, À ma femme

Mais que pèse
si tu meurs
mon poème
– et je parle du plus beau –
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L’ancien :

Alphonse de Lamartine, Stances

Et j’ai dit dans mon cœur : Que faire de la vie ?
Irai-je encor, suivant ceux qui m’ont devancé,
Comme l’agneau qui passe où sa mère a passé,
Imiter des mortels l’immortelle folie ?
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La trouvaille :

Gatien Lapointe, À hauteur d'homme

Cette soif qui rougit la pierre,
Cette route qui me brûle les pieds,
Avril s'embrasant d'une feuille !
Est-ce encore votre visage ?
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Le poème de la quinzaine / fin mai 2017

Le moderne :

René Char, Le terme épars

Si tu cries, le monde se tait : il s’éloigne avec ton propre monde.
Donne toujours plus que tu ne peux reprendre. Et oublie. Telle est la voie sacrée.
Qui convertit l’aiguillon en fleur arrondit l’éclair.
La foudre n’a qu’une maison, elle a plusieurs sentiers. Maison qui s’exhausse, sentiers sans miettes.
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L’ancien :

Jean Racine, Andromaque

Dois-je les oublier, s’il ne s’en souvient plus ?
Dois-je oublier Hector privé de funérailles,
Et traîné sans honneur autour de nos murailles ?
Dois-je oublier son père à mes pieds renversé
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La trouvaille :

Thérèse Martin (de l’Enfant Jésus), Mon chant d’aujourd’hui

Ma vie n’est qu’un instant, une heure passagère
Ma vie n’est qu’un seul jour qui m’échappe et qui fuit
Tu le sais, ô mon Dieu ! pour t’aimer sur la terre
Je n’ai rien qu’aujourd’hui !…
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Le poème de la quinzaine / début mai 2017

Le moderne :

Isabelle Callis-Sabot, Poème au temps qui passe

Déjà s’en sont allées les saisons, les années,
Déjà ont disparu les semaines les mois,
Déjà se sont enfuies les heures surannées,
Déjà sont confondus hier et autrefois
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L’ancien :

Arthur Rimbaud, Le bateau ivre

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
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La trouvaille :

Francis Jammes, Prière pour qu’un enfant ne meure pas

Mon Dieu, conservez-leur ce tout petit enfant,
comme vous conservez une herbe dans le vent.
Qu’est-ce que ça vous fait, puisque la mère pleure,
de ne pas le faire mourir là, tout à l’heure,
comme une chose que l’on ne peut éviter ?
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Le poème de la quinzaine / fin avril 2017

Le moderne :

Armand Robin

Nous fûmes des gens d’un très pauvre monde
Et de pauvres sens qui ne pouvaient rien de plus
Nous fûmes laissés sans rien que de la haine
Nous fûmes laissés sans rien près d’une voie de garage
Il nous fallut organiser notre vie avec du quotidien privé de sens :
De grands interdits veillèrent.

L’ancien :

Guillaume Apollinaire, Le pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine
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La trouvaille :

Coriolan Ardouin, À Amélia

Le vent frais de la nuit fait palpiter les voiles,
Le marin, sur les mers t’appelle, Amélia !
Vois comme ton esquif est couronné d’étoiles,
Dieu te ramènera !
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Le poème de la quinzaine / début avril 2017

Le moderne :

Monique Laederach, La jeune fille

Mais la jeune fille se bouche les oreilles,
elle crie :
Si je ne parle pas, il ne peut rien m’arriver !
Il suffit que je garde la voix dedans
tout entière exactement à la place où
je l’ai entendue,
intime comme elle était.
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L’ancien :

Jules Supervielle, Vivante ou morte

Vivante ou morte, ô toi qui me connais si bien,
Laisse-moi t'approcher à la façon des hommes
Il fait nuit dans la pièce où tremble un oreiller
Comme un voilier qui sent venir la haute mer
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La trouvaille :

Félix Arvers, Un secret

Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.
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Le poème de la quinzaine / fin mars 2017

Le moderne :

Florence Noël, Ni de sang, ni de sens

ce soir
je voudrais tant écrire quelque chose
de gai
que comprenne ma fille
au cœur d’or au cœur douloureux
elle qui aime les mots pour
leur musique étrange, les répliques des films
excelle
en conversations volées
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L’ancien :

Alfred de Vigny, Une âme devant Dieu

Dis-moi la main qui t’enlève,
Ô mon âme, et dans un rêve
Te montre la vérité !
D’où vient qu’un songe m’emporte
Jusques au seuil de la porte
Qu’entr’ouvre l’Éternité
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La trouvaille :

Honorat de Bueil de Racan, Chanson d’Alcidor

Noir séjour de l’horreur, ténébreuses vallées,
Que du monde et du jour nature a reculées,
Agréable repos des esprits languissants,
Dans l’abîme d’enfer, dont vous êtes voisines,
Les vengeances divines
Ont-elles rien d’égal aux peines que je sens ?
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Le poème de la quinzaine / début mars 2017

Le moderne :

Philippe Delaveau, Supplication de Pâques

Est-ce le Rhin ce fleuve, ou l’Escaut, la Tamise
ma tête est comme un pont, l’eau tourbillonne, frise
de souvenirs tremblants, j’oublie ma vie dehors
on marche bruyamment, soudain pénombre, l’or
autour de ce visage peint sur une icône au mur
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L’ancien :

Stéphane Mallarmé, Brise marine

La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe
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La trouvaille :

Anne Osmont, Sonnet

Le sang du soir ruisselle en l'or sanglant des vignes,
Dans les pins violets pleure le vent du soir :
Voici l'heure câline où l'on aime s'asseoir
À deux, près de l'étang qu'attriste un vol de cygnes.
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Le poème de la quinzaine / fin février 2017

Le moderne :

Pierre Perrin, La haine en larmes

Ils regardent le monde avec des yeux d’Auschwitz. Ils hurlent à la paix, ils réclament justice. Aux terrasses bondées, leur jeunesse en chair folle explose. Il ne lui reste que la mort, pour vivre.
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L’ancien :

Paul Éluard, En vertu de l’amour

J’ai dénoué la chambre où je dors, où je rêve,
Dénoué la campagne et la ville où je passe,
Où je rêve éveillé, où le soleil se lève,
Où, dans mes yeux absents, la lumière s’amasse.
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La trouvaille :

Alphonse Beauregard, Le damné

Je voudrais que la nuit fût opaque et figée,
Définitive et sourde, une nuit d’hypogée ;
J’oserais approcher, soudainement hardi,
De la femme pour qui je suis un grain de sable
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Le poème de la quinzaine / début février 2017

Le moderne :

Jean-Philippe Salabreuil, Je suis là

Vous me croyez vivant
Je laisse mes yeux ouverts
Je regarde la nuit
Et je sais pour vous plaire
Y poster deux hiboux
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L’ancien :

Charles Leconte de Lisle, Midi

Midi, roi des étés, épandu sur la plaine,
Tombe en nappes d’argent des hauteurs du ciel bleu.
Tout se tait. L’air flamboie et brûle sans haleine ;
La terre est assoupie en sa robe de feu.
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La trouvaille :

Émilie Arnal, Je vous aime

Seigneur, vous le savez aussi que je vous aime,
Moi, dont le faible cœur, par mille nœuds lié,
Vous a depuis longtemps trop souvent renié !
Je vous aime pourtant beaucoup plus que moi-même.
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Le poème de la quinzaine / fin janvier 2017

Le moderne :

Marc Dugardin, Après une lecture / André du Bouchet

tout a commencé
avec le gris sur le lac

avec sous le jour
le remuement d’un autre jour

avec le vent indéchiffré
et l’homme pris de vitesse

avec le crayon
tendu entre deux lignes

et soudain le miroitement
d’une enfance presque tranquille

Source

L’ancien :

François Villon, La ballade des pendus

Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
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La trouvaille :

Alice de Chambrier, La lune rouge

C’est le soir ; la bataille est enfin terminée :
Le vaincu s’est enfui, le vainqueur est lassé,
Et la fleur du pays, en un jour moissonnée,
Jonche tous les replis du sol dur et glacé.
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Le poème de la quinzaine / début janvier 2017

Le moderne :

Pierre Guérande, Meuse endormeuse

Et plus loin, le bonheur en pièces détachées
en tronçons tarifés pour l’honneur des lisières
et en vastes décors découpés en épures
Quelques talus hirsutes quelques rives farouches
et ce large miroir qui suffit à la glèbe
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L’ancien :

André Chénier, La jeune captive

L’épi naissant mûrit de la faux respecté ;
Sans crainte du pressoir, le pampre tout l’été
Boit les doux présents de l’aurore ;
Et moi, comme lui belle, et jeune comme lui,
Quoi que l’heure présente ait de trouble et d’ennui,
Je ne veux point mourir encore.
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La trouvaille :

Jean-Paul de Dadelsen, Dépassé. Provisoirement

Sombre. Mais l’espace plus vaste.
Moins de gens. Le sentier dans l’obscurité
mène-t-il vers une solitude plus vraie ?
Peut-être est-ce à cet âge, en ce lieu, ici
que se partagent les routes.
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