Viens, la Nuit, silencieuse et plus ancienne que nous
Là où nous cherchons en vain à rejoindre
Un impossible rêve, viens dans nos regards,
Viens dans nos voix, viens dans notre sang,
Toi plus vivante que je ne le suis et qui ne laisses
En chemin qu’une trace de lumière noire
Sur nos sommeils sur nos visages éteints
Et qui creuses au-dedans de nous un abîme
D’être et d’absence, nuit des jours accomplis
Plus radieuse et plus forte que tous les temples,
Toi qui perpétues le souffle du songe, Nuit
Des interrogations, messagère muette,
Écriture aveugle ô mémoire ! ô mère !
Patiente solitaire possessive éblouissante,
Belle comme l’inquiétude entre ciel et monde !
Lionel Ray, Matière de nuit, 2004