L’odeur du soir quand la croix du milieu était nue.
Les deux bagnards dont montent blasphème et prière.
Le cadavre sacré dans les bras de sa mère.
La douleur de l’abîme, ouverte à l’Inconnu.
Seul reste ce poteau sanglant, avec un clou.
Bras et jambes cassés de tous ceux qu’on torture.
L’indifférence suit les cris et les injures.
Une prostituée communie à genoux.
Sur les fleurs du printemps brille le soleil noir.
Un souffle a effacé le désespoir du temps.
La dernière heure est la première en cet instant.
L’or de l’aube à venir remplit l’odeur du soir.
Vendredi Saint 2006
Jean Mambrino, Hors Jeu, n° 50, juillet-août 2006