1
cendre que tu es cendre
dans le gazon fondu
tu es cendre fondue
ton sourire tes yeux
qui
pleuvaient jour à jour
qui répétaient le ciel
l’herbe
plus verte ici
et récitaient là-bas
où
c’était oh c’était
cendre que tu es cendre
tu coules en rigoles
entre les pieds des gens
goutte à goutte passant
théorie rouge et bleue
et rose et
blonde et brune
étirée moi à moi
qui
pleuvent jour à jour
musique noire musique
moire du temps échu
mélangée nuit à nuit
à ta
cendre fondue
ton sourire tes yeux
2
sur la chaise navrée
au tréfonds
oublié
d’herbes repoussées noires
au
clinquant de la nuit
assise
sur la chaise inutile
l’inutile clarté
la présence navrée
dans l’inutile
attente
assise
la chaise là nous plus
vide sur
l’herbe noire
au milieu du halo
de son incongruité
assise
3
mais pas sans toi
oh pas sans toi
elle ne sait rien
elle ne sait pas
ce que c’est toi
elle ne sait pas
ce que c’est nous
elle ne sait pas
que tu sais tout
que tu es tout
elle ne sait pas
que prendre l’un
c’est prendre l’autre
elle ne
sait pas
où elle a mis
ceux qu’elle a
pris
les a perdus
même pas sa faute
puisqu’elle ne sait
rien d’autre
qu’elle
alors vois-tu
il ne faut pas
dis-lui que non
redis-moi oui
le soleil pend
seul sur la rue
tout est parti
le vent de ce
qu’on voulait dire
ton ombre aussi
la mienne traîne
encore un peu
mais pas sans toi
oh pas sans toi
Jacques Richard, avril 2020