Seigneur, j’ai vu dans le métro
Un homme qui te ressemblait et qui n’était pas beau.
Ses habits sentaient la cigarette et la vinasse
Et ses mains et son visage étaient maculés de crasse.
Ses yeux vides allaient de tous à moi et revenaient à eux.
Il était ivre, triste et malheureux.
Il était toi, Jésus, sous les crachats,
Il était toi sur la montée du Golgotha.
Et c’était ton odeur de malpropre qu’il puait,
C’étaient les ordures de ton chemin de croix dont il était souillé.
Et c’est moi, moi seul, assis obscur dans mon métro serré,
Qui t’ai sali, frappé, tué.
Et c’était de mon amour seul qu’il était pauvre
Car j’ai détourné le regard.
Et c’est moi qui ai fait de lui
Cette image de toi dans ton agonie.
Guillaume de Lacoste Lareymondie, dimanche des Rameaux, 2000 A.D.
Hors Jeu, n° 33, février 2001