Sonnet au rêve (Gabrielle Basset d’Auriac)

Laisse-moi, j’ai besoin d’écouter le silence,
L’ombre pèse sur moi, le nuit me parle bas ;
Laisse-moi, c’est le temps où mon rêve commence,
Mon cœur serait distrait, tu ne comprendrais pas.

Il est là, dans la nuit, en robe d’espérance,
Mon âme qui veillait a reconnu son pas ;
Tu peux être jaloux de sa chère présence
Car c’est à lui, vois-tu, que je tendais les bras.

C’est le Rêve aux doux yeux, au sourire magique,
Son étreinte est plus grave et plus mélancolique
Et mon corps en devient presque immatériel ;

Mais quand il ne sera plus là, j’aurai dans l’âme
Plus de cartés d’aurore et de lueurs de flammes,
Et mon baiser sera profond comme le ciel.

 
 

Gabrielle Basset d’Auriac, Le Sablier d’Or, 1911