Ô tristesse des murs autour de moi, ce soir
!
Mystérieuse angoisse, étrange désespoir
Diffus dans l’air paisible et muet de la chambre,
Ce
soir, pourtant pareil aux autres, de septembre !
Qu’ai-je
donc ? Quel est donc, en moi, ce lourd chagrin
Qui pèse,
comme un doigt invisible d’airain ?
... J’ai beau
douter, il veut que je le reconnaisse !
C’est le chagrin,
récent encor, d’une jeunesse
Oui sourit dans les
pleurs comme un printemps frileux...
J’avais cru
l’oublier enfin, sous les ciels bleus
Qu’aux
hasards indulgents de la roule suivie,
Çà et là,
depuis lors, me dispensa la vie.
Et soudain il renaît, ce
soir d’anxiété,
Ce soir d’automne,
hélas ! de mon humain été !
Car c’est
déjà l’été dans mes jours ! Le
temps passe !
Et voici peu à peu se rétrécir
l’espace
Oui m’est offert avant la suprême
saison ;
Et parfois, je crois même entendre à
l’horizon
La Mort qui, d’une voix plus proche, me
réclame...
Il serait temps bientôt d’être
heureuse, mon âme !
Fernand Gregh, La Chaîne éternelle, 1910