Nous étions fait pour être libres
Nous étions faits pour être heureux
Un homme passe sous la fenêtre et chante
Aragon, Elsa
Du fond de l’abîme,
Arvo joue vers moi.
Des profondeurs, il extirpe pour moi
appels, cris et plaintes.
Les humains crucifiés,
les piétas de tous pays.
Dans le plein silence,
tintinnabulent les clochettes.
Il marche à travers la neige,
l’air vierge.
Il avance, tête baissée,
recule sous le vent contraire.
Il poursuit obstinément
dans l’âpreté du vide.
Le plain-chant s’impose.
La voix humaine prend aux entrailles.
Je ne possède rien,
mais je jouis de l’univers.
Colette Nys-Mazure, 2018