À mon grand-père
Ma Zad Koz
Tu savais tout
la renoncule-flamme
l’âcre et la scélérate
et celle aussi des bois
Tu savais l’églantier
les colchiques et les sorbes
Tu courais
des grillons des mantes dans les mains
quelquefois des orvets
dans la petite poche sous le cœur
Tu rencontrais des lièvres dans les ajoncs
bâtards
nous revenais mouillé
racontant des tourbières et des veaux
engloutis
La renarde avait mis bas le soir
il n’en fallait rien dire au fusil
de ton père
À l’aube tu fuyais pour dépister les sources
les ondes te montaient jusqu’aux yeux
plus tard tu sauras la magie des mots
tu écriras des livres
La terre
terre-mère communiait à l’enfant
Marie-Pascale Jégou, Les dits de l'ensoleillée vive