Un cheval roux… (Charles Le Quintrec)

Un cheval roux pour compagnon d’escorte
Le vieux bilan de mes jeunes années
Mes cahiers verts, mes oiseaux dans les rouvres
Ma fronde en mains, mes bateaux de papier
En ce temps-là j’allais de porte en porte
Dire que Dieu me faisait amitié.

Qu’il était doux le pays de Plescop
Et charnues les pommes de ses vergers !
Joyeux oiseaux qui m’ont apprivoisé
Pain doré chaud
Cloches à la volée
Qu’il était doux le velours de la robe
De notre mère allant à sa bleuée !

Dans les fossés des burlus et des mauves
Des arbres fous habillés de soleil
Le Verbe Amour, l’abondance des seigles
Le vélo vieux ferraillant les vacances
Les jeux, les cris, et partout les groseilles
Des fourmis bleues éperdues d’éloquence
Bonheur ! Bonheur qui fut notre domaine !

Je veux chanter le pays où repose
Mon parentage et mon éternité
Et quand viendra le temps des lèvres closes
En cette terre il me faudra rêver
J’aurai vécu de passion, de pitié
Et d’un amour qui fait fleurir les roses.


Charles Le Quintrec, Plain-chant
Hors Jeu
, n° 50, juillet-août 2006