Rorate de super (Jean Mambrino)

Après des mois d’éther ardent dont le bleu brûle la peau du jour, la terre à sec halète, l’herbe brune crie vers l’averse autour des roses aux joues grises et ridées, pendant qu’un lambeau de brise essuie furtivement le figuier en sueur. Tous meurent de soif et de désir. Un âne boiteux cherche dans la poussière le souvenir d’une fraîcheur de menthe. Et l’âme incarnée appelle cette pluie que son attente dissimule comme un secret. La chair tissée d’eau attire au fond de ses cellules l’humidité du ciel. Le temps alors s’arrête, le soleil avec solennité se voile. Les étoiles laissent tomber les premières gouttes de nuit.


Jean Mambrino, Hors Jeu, n° 33, février 2001