J’ai quitté celle que je fus... (Anne Fontaine)

J’ai quitté celle que je fus, pour entrer dans ta maison. Alors, je voyageais la nuit, avec les noctuelles.

Terreur (Marie de Régnier, née de Heredia)

Apportez-moi ce soir les plus sombres des roses,
Celles dont le parfum me rattache au plaisir ;
Ne me faites penser qu’à de terrestres choses ;
J’ai croisé les rideaux sur les fenêtres closes…
Le rêve ravisseur ne pourra me saisir.

Imprécise (Marie de Régnier, née de Heredia)

La nuit… la nuit… la nuit… tout est bleu, tout est vague.
Dis ? avons-nous vécu la tristesse et le jour ?
L’oubli… l’oubli… l’oubli… Jette dans l’eau tes bagues
Avec tous les adieux qui n’ont pas de retour.

Le retour (Marie de Régnier, née de Heredia)

Tu reviendras ce soir, portant des fleurs sauvages,
Par les chemins de l’ombre où les arbres sont bleus,
Et, voilant les reflets des fuyants paysages,
Tout le grand crépuscule assombrira tes yeux.

Au matin, je la croyais morte (Anne Fontaine)

Au matin, je la croyais morte. La voici, plus belle que le jour. Elle avance comme une canonnière. Comme un vaisseau à l’abordage. Je suis le flot qu’elle pourfend. Elle m’envahit, elle me pénètre.