À Notre-Dame de Paris, lourde chimère
Qui, dans le ciel changeant, creuse un double sillon,
À la mère aux flancs élargis, la bonne mère
D’idéal, d’art, d’amour et de dévotion,
LE POÈME DE LA QUINZAINE
Tous les 15 du mois, une sélection de grands poèmes pour (re)découvrir la poésie de langue française
Premier salut (Lucie Delarue-Mardrus)
Moment nocturne (Lucie Delarue-Mardrus)
Nous qui ne portons point le joug bas des aînés,
Qui ne connaissons plus dans quel monde nous sommes,
Nous savons la splendeur des soirs déracinés
Où l’on est seulement des femmes et des hommes.
Mémoire (Lucie Delarue-Mardrus)
Nous montâmes souvent, les nuits, sur nos terrasses
Au plus chaud des printemps royalement fanés
D’Orient, pour sentir, enfants passionnés,
Les étoiles pleuvoir doucement sur nos faces.
Dans la cellule d’Yvo Congard, clerc tonsuré (Anatole Le Braz)
... Oremus !... Oremus !... — Tryphine
S’est endormie en son lit clos.
Aussi blonds que la paille fine,
Ses cheveux coulent à longs flots
Sur la nacre de sa poitrine.
L’île errante (Anatole Le Braz)
Les dieux ont dans la mer enraciné les îles.
Toi seule as reçu d’eux l’essor des nefs agiles,
Ô Délos ! À toi seule ils ont ouvert les eaux
Et soufflé l’âme impétueuse des vaisseaux,
Qui fait mugir l’écume au soc tranchant des proues.
L’aigle (Anatole Le Braz)
À Kate Davison
Ciels de l’Arizona, votre splendeur me hante.
Mais je ne puis songer à votre azur béant
Que frangent d’or les pics de la montagne ardente,
Sans évoquer dans l’air, sur un cactus géant,
Un grand aigle ennuyé, l’œil clos, l’aile pendante.
Chant pour un équinoxe (Saint-John Perse)
L’autre soir, il tonnait, et sur la terre aux tombes j’écoutais retentir
cette réponse à l’homme, qui fut brève, et ne fut que fracas.