Nos maisons cependant n'ont pas toujours été
de cette pierre froide et nue
aride comme du sel, blanches dehors
blanches dedans
LE POÈME DE LA QUINZAINE
Tous les 15 du mois, une sélection de grands poèmes pour (re)découvrir la poésie de langue française
Nos maisons (Monique Laederach)
Laissé pour les autres (Monique Laederach)
Nous avons laissé pour les autres
les pierres entassées
comme des temples ou
comme des tombeaux.
Nous avons bâti l'enfance (Monique Laederach)
Or, nous avons bâti l'enfance
comme un manteau de laine
Pose là ton visage (Monique Laederach)
Pose là ton visage
où tendrement s’ouvrent les lèvres de la nuit,
Si je suis errante (Monique Laederach)
Car si je suis errante, pour quel matin serait-ce,
sinon pour cet espace où je naîtrais donnée,
ceinte à la fois de la pierre et de l'eau ?
Non-solitude (Emmanuel Le Peillet)
J’entends encor ta voix, ô Celte, mon
aïeul
Dans mon vieux bourg Breton et je ne suis plus
seul...
De Pamir à l’Armor, par le mont et le
fleuve
Tu marchais droit vers l’Ouest, d’une
âme toujours neuve
Visions (Emmanuel Le Peillet)
J’ai traversé jadis sur un cheval de
bois
Un pays sans frontières,
Plus froid qu’un cimetière,
Plus vide qu’un
désert avec partout des croix,
Le dieu bon (Emmanuel Le Peillet)
Ô ma force sauvage et sans cesse
agressive...
Et je mords comme hier à rougir ma salive
Quand je fouettais Judas de ma Sainte lanière
Quand je plantais la haine au creux de ma prière,
Les versets du Talion ! Les dieux de la
vengeance...
Le pire pour le mal sans une repentance !
La rue déserte (Emmanuel Le Peillet)
Un enfant dans la rue
Seul avec son jouet,
Un nounours tout défait
Et brave la cohue...
Le monde pourri (Emmanuel Le Peillet)
Car le monde est pourri, n’en déplaise
à l’Église
Gardienne de la foi jusqu’en
la fin des temps,
Mort en vain le Messie avec son
testament
D’amour et de bonté qui ne sont plus de
mise !
À Vigny (Emmanuel Le Peillet)
Car vous m’avez exclu du cercle de famille
Ô vous les bons bourgeois, les faiseurs de vertu
Et
moi le banlieusard et le barde déchu
Pour son boire trop
grand et son âme en guenilles !
Nos chemins creux (Emmanuel Le Peillet)
Où sont mes chemins creux que tant j’aimais
naguère,
Leurs dômes de verdure et leur talus en
fleurs,
Le roitelet timide et les merles moqueurs
Ah !
ces sentiers pour deux et ta robe légère !
Il... (Emmanuel Le Peillet)
Il allait son chemin
Comme on va dans la Vie
Sans besoin, sans envie,
Sans penser à demain...
La fresque d’amour (Emmanuel Le Peillet)
Ô Bourges, ville morte où j’ai
perdu mon âme
Avec ta cathédrale aux murs sales et
gris,
Tes ruelles d’antan aux visages meurtris,
Ma
prison d’homme libre au chevet de son drame...
Il faudra bien qu’un jour Tu m’accueilles (Marie-Pascale Jégou)
Il faudra bien qu’un jour Tu m’accueilles.
Les jarres de vin sont pleines, ventre luisant de feu.
La noce est prête.
Les murs de nos vies étaient-ils mitoyens (Marie-Pascale Jégou)
Les murs de nos vies étaient-ils mitoyens que je T’aie reconnu si vite ?
La jeune fille (Monique Laederach)
Mais la jeune fille se bouche les oreilles,
elle crie :
Si je ne parle pas, il ne peut rien m’arriver !
Rien n’aura valu les lubies (Jean Grosjean)
Rien n’aura valu les lubies de nos saisons, puis la nuit se montre aux vitres.