Je suis d’avant la terre. L’eau primordiale est ma patrie. Pourtant, moi, Sirène, je ne suis heureuse que parmi vous. Entre deux vagues, à marée haute, j’ai vu vos toits d’ardoise bleue, j’ai entendu les cloches de vos clochers, j’ai senti l’odeur de vos vergers. Plus tard, le sable rose, la plage ourlée de bruns oursins, une nacelle ramenant les filets ; en vol plongeant, des mouettes dans son sillage. L’aube, soudain, jaillit des pins, et mon cœur s’est ému. Depuis lors, entre deux vagues, à marée haute, à marée basse, je vous cherche toujours. J’aime la terre dans son entier. Les raz de marée, ni les tremblements de terre n’ont ébranlé ma foi. Et pourtant…