J’entends encor ta voix, ô Celte, mon
aïeul
Dans mon vieux bourg Breton et je ne suis plus
seul...
De Pamir à l’Armor, par le mont et le
fleuve
Tu marchais droit vers l’Ouest, d’une
âme toujours neuve
LE POÈME DE LA QUINZAINE
Tous les 15 du mois, une sélection de grands poèmes pour (re)découvrir la poésie de langue française
J’entends encor ta voix, ô Celte, mon
aïeul
Dans mon vieux bourg Breton et je ne suis plus
seul...
De Pamir à l’Armor, par le mont et le
fleuve
Tu marchais droit vers l’Ouest, d’une
âme toujours neuve
J’ai traversé jadis sur un cheval de
bois
Un pays sans frontières,
Plus froid qu’un cimetière,
Plus vide qu’un
désert avec partout des croix,
Ô ma force sauvage et sans cesse
agressive...
Et je mords comme hier à rougir ma salive
Quand je fouettais Judas de ma Sainte lanière
Quand je plantais la haine au creux de ma prière,
Les versets du Talion ! Les dieux de la
vengeance...
Le pire pour le mal sans une repentance !
Un enfant dans la rue
Seul avec son jouet,
Un nounours tout défait
Et brave la cohue...
Car le monde est pourri, n’en déplaise
à l’Église
Gardienne de la foi jusqu’en
la fin des temps,
Mort en vain le Messie avec son
testament
D’amour et de bonté qui ne sont plus de
mise !
Car vous m’avez exclu du cercle de famille
Ô vous les bons bourgeois, les faiseurs de vertu
Et
moi le banlieusard et le barde déchu
Pour son boire trop
grand et son âme en guenilles !
Où sont mes chemins creux que tant j’aimais
naguère,
Leurs dômes de verdure et leur talus en
fleurs,
Le roitelet timide et les merles moqueurs
Ah !
ces sentiers pour deux et ta robe légère !
Il allait son chemin
Comme on va dans la Vie
Sans besoin, sans envie,
Sans penser à demain...
Ô Bourges, ville morte où j’ai
perdu mon âme
Avec ta cathédrale aux murs sales et
gris,
Tes ruelles d’antan aux visages meurtris,
Ma
prison d’homme libre au chevet de son drame...