Le dieu bon (Emmanuel Le Peillet)

Ô ma force sauvage et sans cesse agressive...
Et je mords comme hier à rougir ma salive

Quand je fouettais Judas de ma Sainte lanière
Quand je plantais la haine au creux de ma prière,

Les versets du Talion ! Les dieux de la vengeance...
Le pire pour le mal sans une repentance !

Les yeux secs et fermés comme un regard de femme
Qui ne sait plus aimer ! Et tous ces trous dans l’âme

Où crèche le serpent en quête de morsure...
Ah ! Haïr qui vous hait jusqu’à la démesure,

Courtiser le « mauvais » à force de blasphèmes !
Ne plus vivre sa vie ! Ah ! N’être plus soi-même !

Ô ma force sauvage à même les entrailles
Et me livre ce soir une atroce bataille...

Et tombe le silence ! Et la lutte dans l’ombre
De mon cœur, de mon âme... à croire que je sombre !

Non ! Ce n’est là qu’un leurre ! Il fait chaud dans mon corps
Qui se cabre et frémit ! Le frisson du remords...

Non ! La haine n’est plus ! C’est écrit sur mon front !
C’est le chant de 1’amour ! C’est le chant du pardon !

Le combat s’est éteint une nouvelle fois
Ô cette paix ! Dieu bon. Je crois encore en Toi.


Emmanuel Le Peillet (barde Taldirig), L’Aube crépusculaire, 1998