Le poème de la quinzaine / mars 2023

Le moderne :

Aurélien Buraud, La vie d’après

La vie d’après.
Tu auras des pleurs, mille pleurs, et puis des larmes noires accrochées aux paupières. Et tu auras des nuits, sans lune et sans lumière, où ton cri silencieux vomira son écume. Et tu penseras à elle, et tu penseras à lui, et tu ne penseras plus.
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L’ancien :

Victor Hugo, Booz endormi

Booz s’était couché de fatigue accablé ;
Il avait tout le jour travaillé dans son aire ;
Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ;
Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé.
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La trouvaille :

Louise de Vilmorin, Eau-de-vie ! Au-delà !

Eau-de-vie ! Au-delà !
À l’heure du plaisir,
Choisir n’est pas trahir,
Je choisis celui-là.
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Le poème de la quinzaine / février 2023

Le moderne :

Thierry Mathiasin, Ces rivières dans la tête

Ces rivières dans la tête qui ne s’assèchent jamais avec ce goût de boue sur les lèvres,
le sable vaseux des yeux, les veines enchevêtrées dans une matrice éventrée obstruant la gorge quand des poches de cris étouffés hantent son lit, déposant des pierres insouciantes sur la berge des vies dévastées
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L’ancien :

Marie Noël, Stabat Mater dolorosa

L'heure m'éveille. Il est minuit...
Mon Dieu, peut-être cette nuit,
Mon fils à cette heure est mort.
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La trouvaille :

Alain Grandbois, Ces murs protecteurs

Ces murs protecteurs
et ce plafond fraternel
et ces trous d’ombre et cette grande ombre
et ce plancher de fer
et moi sous mes seuls cheveux
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Le poème de la quinzaine / janvier 2023

Le moderne :

Domi Bergougnoux, Homme ébloui

Il a résisté à l’invasion des rumeurs sous son crâne
il a émoussé le tranchant froid des jours
Sur son chemin jalonné de chutes
il a joué avec la mort
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L’ancien :

Pierre de Ronsard, Vous ruisseaux...

Vous ruisseaux, vous rochers, vous antres solitaires,
Vous chênes, héritiers du silence des bois,
Entendez les soupirs de ma dernière voix,
Et de mon testament soyez présents notaires.
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La trouvaille :

Vincent La Soudière, Qui a crié ?

Ma bien-aimée est noire » comme la nuit, mais sa beauté resplendit comme douze étoiles. Mille clartés qui ont dissipé la ténèbre intenable.
Qui a crié ? J’ai entendu un cri aussi sonore que mille bracelets s’entrechoquant.
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Le poème de la quinzaine / octobre 2022

Le moderne :

Claude Cailleau, Retour au Port-Louis

Sur la digue le soir, des silhouettes tanguent comme autrefois dans mon souvenir. Le vent venu avec le flux lève l’odeur du goémon épaissi de ténèbres.
C’était dans les années soixante. Ils habitaient une petite maison blanche, tout au bout de la digue, face aux colères de l’hiver. Les soirs de tempête, les murs et les toits enveloppés d’embruns luisaient sinistrement ; et l’on aurait juré que, dans l’ombre fluide, la mer franchissait le rempart des maisons.
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L’ancien :

Louis Aragon, Elsa au miroir

C’était au beau milieu de notre tragédie
Et pendant un long jour assise à son miroir
Elle peignait ses cheveux d’or Je croyais voir
Ses patientes mains calmer un incendie
C’était au beau milieu de notre tragédie
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La trouvaille :

Lazare de Selve, Sur le passage du torrent de Cédron

Tandis que le torrent des passions mondaines
Emporte nos esprits dans la mer des malheurs,
Le Sauveur pour souffrir un torrent de douleurs
Traverse du torrent les ondes inhumaines.
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Le poème de la quinzaine / septembre 2022

Le moderne :

Édouard Glissant, Le grand midi

Puis le soleil, ce seul royaume. Qui était la terre d’enfance, qui l’est si simplement. Tout ce temps blessé, pour en venir au secret du sel qu’une île porte. C’est grande ambition de vouloir qualifier le temps. Chacun ne fait que tendre cet espace en lui, où se résume son mot, où sa lumière bruit.
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L’ancien :

François de Malherbe, Sur la mort de son fils

Que mon fils ait perdu sa dépouille mortelle,
Ce fils qui fut si brave, et que j’aimai si fort,
Je ne l’impute point à l’injure du sort,
Puisque finir à l’homme est chose naturelle.
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La trouvaille :

Pierre Emmanuel, Babel (extrait)

Car ce jour est un jour d’années : le jour de toutes tes années.
Tu n’es assis que depuis une heure et c’est déjà ton plein été
Déjà le premier soleil roux, le fruit mûr à la pulpe d’automne
Il te faudra mourir tout à l’heure : vaut-il la peine de courir de-ci de-là
Pour expirer sur un lit de hasard ou en chemin vers l’ultime mirage ?
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Le poème de la quinzaine / août 2022

Le moderne :

Jean Pérol, Comme est loin la montagne

Comme est loin la montagne où tu fus de ce monde
comme est loin l’incendie le satin des grands lacs
le corps en est déjà frappé et perd son peu de force
d’être déjà si loin de ce qui fut si neuf
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L’ancien :

Joachim du Bellay, Le marinier

Comme le marinier, que le cruel orage
A longtemps agité dessus la haute mer,
Ayant finalement à force de ramer
Garanti son vaisseau du danger du naufrage
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La trouvaille :

Hélène Picard, La Vie

Je crus à la fierté d’un certain déshonneur,
Aux ferveurs de vermouth, aux rêves des lanternes
À ce rouge as d’amour, à ce riche as de cœur
Beau comme l’incendie, l’échafaud, les casernes…
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Le poème de la quinzaine / juillet 2022

Le moderne :

Jean-Yves Masson, Es ist worden spät

Nous sommes venus tard et les chemins mentaient
qui promettaient une lumière au prix des cendres.
Les routes étaient sombres et les forêts brûlaient
là-bas, dans le déclin du jour amer.
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L’ancien :

Saint-John Perse, Etroits sont les vaisseaux

Amants, ô tard venus parmi les marbres et les bronzes, dans l’allongement des premiers feux du soir,
Amants qui vous taisiez au sein des foules étrangères,
Vous témoignerez aussi ce soir en l’honneur de la Mer
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La trouvaille :

Rosemonde Gérard, Le sommeil

Tout s’endort à son tour : le nuage et la branche,
La fleur, à l’instant même où respire le fruit,
La semaine, aussitôt que sonne le dimanche,
L’été, pendant l’hiver, le jour, pendant la nuit.
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