Motifs (Adolphe Retté)

Las de ses vains efforts, frémissant d’accepter
Et son rêve illusoire et la douleur réelle
Le Vivre a-t-il enfin assez battu de l’aile
Et le martyre clos qu’il se doit d’affronter

Sillages (Adolphe Retté)

L’automne et la nuit et la pluie
― Volez noirs souffles par l’espace ―
Et la froide plaine où trépasse
D’irrémédiable agonie
La ville de ruines et d’impasses.

Sillage IV (Adolphe Retté)

Mes barques s’en vont, s’en vont sur la mer ―

Ô Notre-Dame de désespérances,
mère en sanglots, et l’âpre joie d’avoir tari tes maigres seins !
dresse-toi, dresse-toi sur les flots assassins

En déshérence (Adolphe Retté)

L’arbre des âmes frissonnant
Au souffle aveugle et qu’on redoute
Au souffle dur d’un froid Néant,

La Chanson de Nirvanâ II (Adolphe Retté)

Donc c’est la forêt du mensonge, morne dans la Nuit :
Jets d’eau très-loin, lente musique d’ennui
D’où le rêve lassé s’essore à petit bruit ―

La Chanson de Nirvanâ IV (Adolphe Retté)

Le carillonneur se penche
et regarde en bas vers la ville,
les cloches ont de lourdes cadences
et pleuvent en cris noirs sur la ville ―

Le glas (Adolphe Retté)

Ah, les Voix, mourez donc, mourantes que vous êtes.
PAUL VERLAINE.


Le rêve se fut contenté de perpétuels liminaires
et pourtant s’assoiffait d’ivresses incertaines
et se plaignant d’illusoires chaînes
s’attardait au seuil de lumière
vers toi la coupe inépuisable et débordante de sanglots
           où de chers pleurs coulent à flots

À la tristesse (Adolphe Retté)

I

Des oiseaux blancs et des parfums mélancoliques
Volaient indolemment autour de ton sommeil ;
Nous avions parcouru des pays sans soleil ―
Ô brume, ô goélands, ô pâleurs idylliques.