Le poème de la quinzaine / octobre 2020

Le moderne :

Yves Bonnefoy, Passant auprès du feu

Je passais près du feu dans la salle vide
Aux volets clos, aux lumières éteintes,
Et je vis qu’il brûlait encore, et qu’il était même
En cet instant à ce point d’équilibre
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L’ancien :

Guillaume Apollinaire, Vendémiaire

Hommes de l’avenir souvenez-vous de moi
Je vivais à l’époque où finissaient les rois
Tour à tour ils mouraient silencieux et tristes
Et trois fois courageux devenaient trismégistes
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La trouvaille :

Cécile Périn, Dans le labyrinthe

Je ne veux désormais que l’ombre et la douleur.
Pour que vers mon ami je marche plus légère,
De tout ce qui fut doux j’ai dépouillé mon cœur
Tout palpitant encor de bonheurs éphémères.
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Le poème de la quinzaine / septembre 2020

Le moderne :

Isabelle Callis-Sabot, Poème courtois

Je maudis mon bonheur, vous sentant malheureuse,
Je refuse d’aimer, vous sachant sans amour,
J’ai peur de m’endormir, songeant à vos nuits creuses,
Je crains de m’éveiller, voyant vos sombres jours
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L’ancien :

Paul-Jean Toulet, Contrerimes

Dans le silencieux automne
D’un jour mol et soyeux,
Je t’écoute en fermant les yeux,
Voisine monotone.
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La trouvaille :

Charles Maurras, Le colloque des morts

Les compagnons deviennent rares.
Ô chers témoins du souvenir,
Qu’est le destin qui nous sépare
Et saura-t-il nous réunir ?
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Le poème de la quinzaine / août 2020

Le moderne :

Charles Le Quintrec, Qu’amour vienne

Qu’amour vienne et me parle
Un arbre nu navigue
Il n’est d’autre musique
Qui ne sorte d’un saule
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L’ancien :

Arthur Rimbaud, Ophélie

Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles…
– On entend dans les bois lointains des hallalis.
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La trouvaille :

Élisa Mercœur, Vivre sa vie

Ne jamais redouter le temps qui nous entraîne,
Attendre sans effroi son rappel vers les cieux,
Chaque jour détacher un anneau de sa chaîne,
Mourir sans exhaler des regrets pour adieux ;
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Le poème de la quinzaine / juillet 2020

Le moderne :

Pierre Judide, Psaume 89

Voici le psaume montant des entrailles du temps,
le psaume des peuples en marche
et des éclatements.
Rouges noirs les jours de rage,
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L’ancien :

Victor Segalen, Éloge et pouvoir de l’absence

Je ne prétends point être là, ni survenir à l’improviste, ni paraître en habits et chair, ni gouverner par le poids visible de ma personne,
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La trouvaille :

Marie de Régnier, Poème funèbre

Lorsque vous m’étendrez au bûcher de santal,
Avant que je devienne une cendre légère
Éloignez de mes doigts l’obole de métal.
Je veux que ce qui fut ma grâce passagère
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Le poème de la quinzaine / juin 2020

Le moderne :

Cécile Coulon, Bientôt, Eyzahut

Tu as éparpillé des morceaux de mes ancêtres dans tes vallées
sur tes flancs les chevaux endormis ne voient pas ceux
qui montent
ton cimetière au bord d’une vieille église
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L’ancien :

Gérard de Nerval, Delfica

La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance,
Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs,
Sous l’olivier, le myrthe ou les saules tremblants,
Cette chanson d’amour... qui toujours recommence !
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La trouvaille :

Lazare de Selve, Sur la prise de Jésus-Christ

Sont-ce là, ô Époux, les liens amoureux
Qui vous devaient lier avec votre amoureuse ?
Ces armes que je vois, & cette torche affreuse
Est-ce là hyménée, & vos traits, & vos feux ?
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Le poème de la quinzaine / mai 2020

Le moderne :

Frédéric Tison, Heures

Il y a autre chose que le vent dans le vent qui s’en va.
Il y a l’heur et le malheur de tes voix, il y a des yeux clairs, des mondes et des corps, des milliers de tendresses.
Il y a d’autres mondes, d’autres corps — et l’amour et son corps
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L’ancien :

Alphonse de Lamartine, L’Hymne de la nuit

Le jour s’éteint sur tes collines,
Ô terre où languissent mes pas !
Quand pourrez-vous, mes yeux, quand pourrez-vous, hélas !
Saluer les splendeurs divines
Du jour qui ne s’éteindra pas ?
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La trouvaille :

Joyce Mansour, Le soleil dans le capricorne

Trois jours de repos
Pourquoi pas la tombe
J’étouffe sans ta bouche
L’attente déforme l’aube prochaine
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Le poème de la quinzaine / avril 2020

Le moderne :

Marcel Moreau, Tombeau pour les enténébrés

Au sortir du gouffre, l’avaricieuse lumière,
Hépatique et fuyante…
Je ne sais quelle affliction d’un ciel
Qui ne sait plus s’ouvrir,
Ni rire, ni bleuir…
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L’ancien :

Paul Verlaine, Le ciel

Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit
Berce sa palme.
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La trouvaille :

Sabine Sicaud, Douleur, je vous déteste

Douleur, je vous déteste ! Ah ! que je vous déteste !
Souffrance, je vous hais, je vous crains, j’ai l’horreur
De votre guet sournois, de ce frisson qui reste
Derrière vous, dans la chair, dans le cœur...
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Le poème de la quinzaine / mars 2020

Le moderne :

Tristan Cabral, Des petits hommes

des pluies de petits hommes ont envahi les rues
des hommes de proie ont envahi les plages
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L’ancien :

Jean de Meung, Éloge de la pauvreté

Non, richesse ne rend pas riche
Celui qui la place en trésors.
Car seul le contentement
Fait vivre l’homme richement.
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La trouvaille :

Léon Dierx, Au jardin

Le soir fait palpiter plus mollement les plantes
Autour d’un groupe assis de femmes indolentes
Dont les robes, ainsi que d’amples floraisons,
D’une blanche harmonie argentent les gazons.
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Le poème de la quinzaine / février 2020

Le moderne :

Pierre Oster, La terre

La terre, les rochers... Les rochers, les maisons, la nuit même,
La nuit, la plaine et la mer fondent un savoir proche des murs.
Puis, là-bas, le soleil masque sa solitude avec la nudité des choses,
Brise le ciel des flaques, échafaude un bûcher sur un lac.
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L’ancien :

Maurice de Guérin, Glaucus

Non, ce n’est plus assez de la roche lointaine
Où mes jours, consumés à contempler les mers,
Ont nourri dans mon sein un amour qui m’entraîne
À suivre aveuglément l’attrait des flots amers.
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La trouvaille :

Valentine de Saint-Point, Triptyque de ma mort

Lorsque j’aurai cessé d’interroger en vain, —
Toujours, l’impénétrable et sinistre mystère,
Du chaos au néant, de la graine au levain,
Des hommes et des dieux, du soleil, de la terre
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Le poème de la quinzaine / janvier 2020

Le moderne :

Mérédith Le Dez, Jardin d’hiver

Long novembre étendu sur nos terres d’asile : soleil en feu, azulejo du ciel, splendeur des pâtures au-delà du verger.
Sécheresse d’automne ne s’inclina jamais si tard...
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L’ancien :

Jules Supervielle, Les amis inconnus

Il vous naît un poisson qui se met à tourner
Tout de suite au plus noir d’une lampe profonde,
Il vous naît une étoile au-dessus de la tête,
Elle voudrait chanter mais ne peut faire mieux
Que ses sœurs de la nuit les étoiles muettes.
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La trouvaille :

Adolphe Retté, Sillage

Mes barques s’en vont, s’en vont sur la mer ―
Ô Notre-Dame de désespérances,
mère en sanglots, et l’âpre joie d’avoir tari tes maigres seins !
dresse-toi, dresse-toi sur les flots assassins
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