Le ciel était de nuit, d’astres et de silence.
Au fleuve alors, où l’onde agitait la semblance
Des paysages et des univers en jeu,
Je puisai l’eau frigide où frissonnait du feu :
LE POÈME DE LA QUINZAINE
Tous les 15 du mois, une sélection de grands poèmes pour (re)découvrir la poésie de langue française
Le ciel était de nuit, d’astres et de silence.
Au fleuve alors, où l’onde agitait la semblance
Des paysages et des univers en jeu,
Je puisai l’eau frigide où frissonnait du feu :
Sous le ciel confus d’une matinée de nuages et d’orage, les deux jetées fermaient la rade aux trois quarts, tournées l’une vers l’autre ainsi que seraient au repos les deux pinces d’un grand crabe étendu.
A Charles Delacour
I
S’il est vrai, Dieu puissant, ô toi que j’adorai,
Qu’en paradis, où dort ta muette indolence,
Tu te laisses bercer au soupir qui s’élance
De mon corps maladif et de mon coeur navré ;
Et nous sommes venus par des chemins brisés
disent les poètes disent les amants
et nous sommes
venus à la beauté
qui n’est rien sans les
ronces
qui la blessent
Bouquets épanouis aux revers des vainqueurs
Feuillages de minuit, fleurs de l’heure dernière
Blanchissez, pâlissez et tombez en prière
L’enfant de mes soucis, mon petit Roi de cœur,
Dort en tenant au poing le hochet de ma peur.
L’horizon a taillé mes cheveux,
les a dispersés au déchu des saisons.
Mes incisives bandent encore des réponses furtives
à d’incorrigibles baisers.
Pourquoi m’avez-vous mis, ô
mon Dieu
En contradiction avec vous ?
JOB
Souvenez-vous de ma douleur
En
même temps que de ma révolte.
JÉRÉMIE
Êtes-vous là, mon Dieu ? Moi, votre
pauvre prêtre
Qu’un jour hors du bonheur votre voix
appela,
Me voici comme alors devant Vous, ô mon Maître.
Mais Vous que j’ai suivi, Seigneur, êtes-vous là
?
Laisse-moi, j’ai besoin d’écouter
le silence,
L’ombre pèse sur moi, le nuit me parle
bas ;
Laisse-moi, c’est le temps où mon rêve
commence,
Mon cœur serait distrait, tu ne comprendrais
pas.
Je rentre enfin, laissant derrière moi la
Ville ;
Et, dans ma chambre étroite où
s’assombrit le soir,
Je reconnais à peine, au tond
du vieux miroir,
Mon visage flétri par la vie âpre
et vile.
Ô tristesse des murs autour de moi, ce soir
!
Mystérieuse angoisse, étrange désespoir
Diffus dans l’air paisible et muet de la chambre,
La mer crie mais la mer bientôt s’éteint.
Et le soldat
La gonfle de cadavres, de prurits. La mer
accueille
J’arriverai parmi les vents
Un jour
couvé de soleils
Le jour sera à son midi
J’arriverai les bras chargés de pluie
Ni la nuit
Ni l’attente n’avaient
été longues
C’est de t’aimer sans mot
Te souviens-tu
Comme étaient rêveuses
Nos nuits nubiles
Dans la paume de nos mains
Ne me laisse plus au dehors de tes rêves
Il
fait si froid
Regarde les étoiles grelottent
pour Jean-Michel Fossey,
cet « outlaw » considérable…
car nous serons jugés
aux blessures généreuses
car nous serons jugés
à tout ce sang versé
Et je dévore les lèvres des
histoires interdites
je transgresse les lois des vivants
je
lèche la plaie béante des nuits sacrilèges
la
pierre aiguë du silence
l’écorce noire du
désir
Devant l’aube graduelle
qui préface le monde
Seigneur, j’ai vu dans le métro
Un homme qui te ressemblait et qui n’était pas beau.
Il y a de la pluie, toujours, dans les regards perdus. Des lointains, une voix qui appelle. C’est Elle. Je l’ai vue qui venait sur le revers trouble du jour. Elle. Qui venait, incertaine, qu’apaise un souvenir. Mais s’en va…
Une ombre épaisse comme la nuit
couvre le soleil