Si je suis errante (Monique Laederach)

Car si je suis errante, pour quel matin serait-ce,
sinon pour cet espace où je naîtrais donnée,
ceinte à la fois de la pierre et de l'eau ?
Mes nuits t'ont déchiré, je t'ai porté multiple ;
je ne savais sommeil que l'arbre de ton nom.
Mais quand j'aborderai la plaine, quand
j'aurai délaissé l'étreinte des forêts,
comment démasquerai-je le jeu de tant de vent ?
Le jour est trop sévère qu'il faudrait traverser,
trop pauvre ma saison − quand même ton audace
effacerait pour moi le gîte et la mémoire
où j'étais protégée.


Monique Laederach, Si vivre est tel, L'Âge d'Homme, 1998