Il faudra bien qu’un jour Tu m’accueilles.
Les jarres de vin sont pleines, ventre luisant de feu.
La noce est prête.
Je T’arrive de la terre, les bras pleins de lilas.
Je viens parmi les blés de Kervert, dans la procession des cailles,
cerclée d’arômes et flambante de feuilles.
Dans la travée de mon âme,
regarde le ruisseau galopant de ta grâce !
J’ai déchiré de mon cri l’aurore pourpre, riant à m’étouffer,
comme autrefois petite fille contre les ridelles
des carrioles bringuebalantes des chemins creux…
Je n’arrive pas seule mais portée par un peuple en liesse,
des aveugles, des sourds, des guéris
et j’ai contre moi des enfants, des enfants, des enfants, des enfants…
Marie-Pascale Jégou, Le Fils vermeil, 1998