La nuit… la nuit… la nuit…
tout est bleu, tout est vague.
Dis ? avons-nous vécu
la tristesse et le jour ?
L’oubli… l’oubli…
l’oubli… Jette dans l’eau tes bagues
Avec tous les adieux qui n’ont pas de
retour.
Des pleurs… des pleurs… des pleurs…
Pourquoi ? tout est si tendre ;
Laisse flotter ton
voile au parfum du jasmin.
Le vent… le vent… le
vent… Ne veux-tu pas attendre
Le dieu cher et nouveau
qui s’appelle Demain ?
Des voix… des voix… des voix…
Qui parle, qui fredonne
Cette chanson d’amour enroulée
à ces fleurs ?
Ô cœur… ô
cœur… ô cœur. Tout est si beau :
pardonne
Voluptueusement à la vieille douleur.
Marie de Régnier (née de Heredia), « Petits poèmes » de Gérard d’Houville, Revue des Deux Mondes, tome 42, 1917