La maison du passé (Mathilde Delaporte)

À mes parents défunts


J’ai bâti la Maison du Passé dans mon âme !
La porte en est fermée, et, comme en des yeux clos
Aux fenêtres jamais il n’erre plus de flamme.
J’ai bâti la Maison du Passé dans mon âme !
Plus rien d’extérieur n’en trouble le repos.

Les racines de la tombe (Mathilde Delaporte)

À Ernest Prévost


L’exil, c’est de n’avoir personne au cimetière.
On n’est point d’un pays où l’on n’a pas de morts,
Et l’on reste étranger sur un sol dont les corps
D’où sortit notre corps n’ont point fait la poussière.

Soif de la terre (Mathilde Delaporte)

C’est l’été, l’été chaud, et c’est l’heure accablée ;
Les blés s’inclinent, lourds du grain au soleil cuit ;
À force de rayons la terre est aveuglée ;
L’ardent Midi s’endort, morne comme un minuit.

Il y a dans chaque enfant (Martine Biard)

À Jean Joubert


Il y a dans chaque enfant comme une trêve avec la nuit,
Un monde nouveau qui dit non à l’autre.
Une fêlure où tombe le néant.
Et le chemin recommence

Chant du désir (Amélie Murat)

Ô minuit, sois plus noir que le lit clos des grottes !
Sois plus sourd, quand recule au large de l’écho
Le cercle évanoui de tes dernières notes,
Que les étangs où sommeillent les villes mortes…