C’était le trente et un octobre
ma mère déballait nos vêtements les comparant à nos ombres
pour s’assurer que nous avions grandi avec le grenadier
Mon frère séminariste avait la taille de sa chasuble
ses genoux fondaient de ferveur devant le crucifié
ma petite sœur cédait ses jupes au laurier
C’était bien le trente et un octobre
veille de la Toussaint
les bienheureux récupéraient leur auréole aux portes des cimetières
Une journée gavée d’encens et de regrets
la voix de mon frère
celle de l’automne muaient.
Vénus Khoury-Gata, Hors Jeu, n ° 21, janvier 1996