Les favoris du genre humain (Karel Logist)

Aux favoris du genre humain
la question du bonheur
ne se pose jamais
...
le jour les alourdit
le silence les accable
et la nuit, ils se grisent

Ils ferment d’un tour de clé
leurs vies comme leurs voitures
leurs maisons et leur cœur
et leurs mains sans effort
commandent à distance
des lendemains qui chantent

Et ça marche assez bien
et ça les tient debout
d’une semaine à l’autre

La pauvreté les choque
la maladie les glace
la mort parfois la nuit
leur effleure l’épaule

Alors ils pressent de la main
sous le drap blanc une autre main
ils caressent une autre peau
ils embrassent ils essoufflent
le désir et ses voix
ils étreignent ils étouffent
accueillent avec plaisir
toute bonne fortune
puis s’endorment sans rêves

Les favoris du genre humain
ne se posent jamais la question du bonheur,
ils l’enferment.


Karel Logist, Tout emporter, Le Castor Astral, 2008