Le
Parc, au clair de lune agonisant, offert
Comme une Vierge
chaste aux baisers de l’Époux,
Déploie en
s’étalant et son torse et sa chair,
Rêvant
l’étreinte blanche et nocturne à son cou ;
Les frais gazons tachés des soleils des
Midis,
D’ombre fugace empreints et rouillés de
lumières,
Suscitent, dans la nuit, les glaives de jadis
Sous le froid de l’Étoile aux menteuses crinières.
Et les Astres brûlés aux faces du
miroir
Des Lacs, ont trembloté leur agonie ardente...
Ils ressusciteront dans la clarté des soirs
Pour
qu’en nos yeux éteints l’essaim des astres,
chante.
Des flots errants baignent les reflets des grands
arbres,
Et des Vents, en caresses, ont jailli les brises
Rafraîchissant le geste et le profil des marbres
Épars
au clair de lune en le parc qui se grise.
Un chœur de sources tinte au cristal de la
roche,
Dans l’amphore qu’un dieu d’airain
jette au bassin,
Et le Lac ébranlé recueille un
chant de cloches
Qui va pieusement s’engloutir dans son
sein.
André Ibels, Les Cités futures, 1895