Je suis au garde-à-vous devant l'Éternel,
Le ciel, le vent, la lutte et l'écho de ta voix.
Plus rien de ce qui est n'existera.
Au vent, la lutte, l'éphémère, le norois.
Plus rien, et pourtant le ciel pour seul écho.
Je suis au garde-à-vous devant l'Éternel,
Car ta voix n'est plus ma voie.
Je reste la solitude des jours,
La traque des vents funestes, la course.
Et tandis que les saisons s'allongent
N'ont plus de nom que de saison,
Ma vie se brise en catacombes.
Les couloirs de la nuit me conduisent
À la face du monde, au repos,
À la dune de toutes choses
Car je suis, en mon âme éperdue,
Le souffle et la tempête.
La candeur et l'aurore étant à ce jour
La rose de toute certitude devant l'Éternel,
Mon bien aimé, et le choix du lendemain,
Rien de ce qui est ne doit causer la perte.
Il y a le vent de grâce,
Et le jour qui s'en va
N'éteint pas sur la glace
Le souffle des années,
L'histoire qui naîtra.
Ô zéphir, ne doute pas de toi,
L'Orient est en ton nom
La grâce d'un souvenir et le miel qui endort
Car en ton rêve sort le nouveau qui t'habite,
Tes jours qui illuminent mes jours,
La confrontation et le sacre.
L'honneur n'est pas dans la gloire
Mais le moment qui passe à se taire,
À attendre. Je suis sentinelle
D'avoir attendu l'Éternel.
En son Nom, je mure les couloirs du temps.
Rien n'arrête sa course, ni le vent, ni l'âme
Au firmament des jours qui n'ont plus de lumière
Et se hérissent de l'ombre qui leur nuit.
Ô tambours, la gloire qui vous tient lieu de présence
Accorde l'infini et la grâce dans les peaux tendues
Du désir qui soulève l'unisson d'un rêve de repos,
D'actes sacrificiels dont le seul Juge connaît le temps,
La certitude d'abolir ce qui fut corrompu,
L'ange en déroute, témoin médusé
Et alerte car, en soi, le péril est une chaîne mouvante
Qui entrave les mots et les rêves.
Et sur le seuil calme des jours,
Tous, nous n'avons plus que besoin d'Amour
Sans plus de saisons pour en savourer
Les grâces et le pardon.
Alors, peut-être
Et seulement,
Tu te lèves.
Tous les sourires du monde
Relèvent la garde des sentinelles
Et le lys qui éclaire la lumière des anges.
Martine Biard, Les sentinelles du désir, Éditions Grau-Mots, 2011