Nous versons de nouveau le vin dans les coupes
et
les gens sont heureux, les mariés sereins,
sans ombre au
visage. Nous n’en buvons pas
mais nous savons qu’il
vient des jarres de pierre
où l’eau a changé
de couleur et de goût.
Le maître et sa mère
au bout de la table
le savent mieux que nous. En les voyant
sourire,
nous devinons le cours secret de la rivière
qui remplit les coupes, la vigne cachée,
et nous
savourons cette complicité
comme notre part, la
meilleure peut-être.
Jean-Pierre Lemaire, Faire place, Gallimard, 2013