Le moderne :
Pascal Boulanger, Extase
Trop de dieux
& de ciels vautrés sur la terre
Abraham & Ulysse
Abraham part sans retour
Le désert brûle-t-il
la gorge
le ventre
le cœur
mieux que l’île natale ?
C’est la soif que j’aime ici
à Santa Maria della Vittoria
femme comblée & sainte
par le dard en or
Il arrive que le chercheur trouve
la porte grande ouverte sur un dessin
qui l’enfante & l’enchante
Jardins miniatures
arbres nains
banc sous une rangée de tilleuls
L’univers dans la main
quand il se détache
comme le fruit de la branche
L’écume sur la grande image.
Source
L’ancien :
Max Jacob, Aux pèlerins d’Emmaüs
Je ne sais qui était là : c’était l’un de ces bistros où ma jeunesse s’est évanouie. Une table de marbre blanc est l’endroit où la traditionnelle glace atteignait le coin du mur avant de continuer. Je portais un pauvre chapeau rond et ma figure interrogeait l’œil malade du Seigneur (c’était Lui ! Il ressemblait plutôt à Saint Jean-Baptiste, mais c’était bien Lui). « Puisque vous êtes Dieu et que vous savez tout, dites-moi quand finira cette guerre ! » et j’ajoutais « ...et qui sera le vainqueur ». Vous le dirai-je pour que vous alliez faire le prophète dans les salons ? Il se tut. Le soir tombait. Il n’y avait pas de boisson sur la table.
Source : Le cornet à dés, 1917
La trouvaille :
Albert Samain, Midi
Au zénith aveuglant brûle un globe de flamme,
Le ciel entier frémit criblé de flèches d’or.
Immobile et ridée à peine la mer dort,
La mer dort au soleil comme une belle femme.
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