Renaissance

Ah ! détresse du monde, horreur des Vérités,
Passions où le siècle incessamment se roule ! —
Ils vont, partout rués en ténébreuse foule,
Ces vivants, qui ne sont que des morts agités.

Ils proclament sans fin leurs vaines libertés :
Mais le Temple de l’âme en eux lourdement croule.
— Si la France longtemps fut cette impure houle,
Seigneur, nous lui rendrons le calme, et vos clartés.

Apôtres éloquents, penseurs, graves artistes,
Nous qui, d’avoir trop vu, restons saintement tristes,
Aimons ! — J’ai tout compris par ce grand matin bleu.

Rien ne fera fléchir désormais ma prunelle.
Mourant toujours, trouvant ma renaissance en Dieu,
J’irai, porteur d’espoir et de vie éternelle.

Louis Le Cardonnel, De l’une à l’autre aurore, 1924