Le formidable éclat de ton glaive de feu
Ne saurait effrayer, désormais, vieil archange,
Nos
cœurs désemparés et vautrés dans leur
fange !
Nous avons oublié les promesses de Dieu.
Trop de souffrance, hélas ! a tué
notre rêve ;
Qui de nous se souvient des gloires de
l’Éden !
Pour défendre le seuil de
l’antique jardin,
Notre misère est plus puissante
que ton glaive.
Va, garde les fruits d’or entre tes mains
sévères.
Au seul attouchement de nos lèvres
amères
La plus douce liqueur se changerait en fiel...
Nous avons tant vécu dans la nuit de
l’abîme
Que nous marchons, heureux d’une
lumière infime,
Sans regretter l’azur impossible
du ciel.
Michel Vasson, Les Festins de la Mort, 1906