Vers d’airain pour celle qui ne vint plus (André Ibels)

Puisqu’au fronton du Coeur j'avais gravé ton nom,
Que ton ongle effaça sans y croire toi-même,
Bâtis une cité riche de Parthénons
Pour y coucher l’amour que nia ton blasphème.

— La ville où scintillaient les astres de tes yeux,
— La ville où sanglotaient les remous d’un grand Fleuve,
Je l’ai quittée ! avide encor de nouveaux Cieux
Vierges d’horizons noirs comme un crêpe de veuve.

Je vais, effeuillant les lauriers, de mes doigts purs,
Et j’offre à qui je veux la fleur immaculée.
Que n’êtes-vous venue au détour de l’allée,
Au Temps où les Minuits descendaient de l’Azur ?

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Ton coeur est un missel d’or aux feuillets trop lus...

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— Je suis Celui qui passe et qui ne revient plus.


André Ibels, Les Cités futures, 1895