1e station. Jésus est condamné à mort
Seigneur, mon pays ressemble au vôtre
et les hommes de mon temps
ressemblent à ceux de tous les temps.
Les voici qui vous jugent :
corrompus, fraudeurs, menteurs,
esclaves du Pouvoir
esclaves de l’Argent.
Caïphe n’en finit pas
de déchirer sa robe
et Ponce Pilate
de se laver les mains.
Voici qu’ils sont enchaînés
les pieds qui marchaient sur les eaux
tant ce corps échappait
aux lois de la terre.
Enchaînées aussi
les mains qui guérissaient
tant l’amour habitait son cœur.
Flagellé
par un esclave d’esclaves.
La bêtise et la cruauté
vous ont couronné d’épines.
Rires, injures, quolibets ;
armes de faibles et de lâches
quand on a sonné la curée.
Ils vous ont préféré
Barabbas le criminel.
J’entends leurs vociférations :
« Que son sang retombe sur nous
et sur nos enfants ! »
Seigneur, vous êtes seul
devant le tribunal des hommes
et devant chacun de ces forcenés
votre amour ne voit que cette étincelle
qui les baptise enfants de Dieu.
Prince de ce monde il exulte.
Il est vainqueur :
ils vous ont condamné à mort.
14e station. Jésus est mis au tombeau
Ce corps qui fut temple de Dieu
est déposé dans le sépulcre
assumant son humanité
jusqu’à la fin.
Des langes de Nativité
au linceul de la Passion
le Verbe a brillé sur le monde
« Et les Ténèbres ne l’ont point reçu ».
Comment le royaume d’En-Bas
aurait-il pu accueillir le Très-Haut ?
Comment le Temps aurait-il pu
enfermer l’Éternité
et le Néant s’ouvrir à l’Être ?
Mais vous êtes la Vie, Seigneur,
« Qui croit en vous, vivra
éternellement ».
Et la vie a vaincu la mort.
Vide est le sépulcre :
l’ange sourit à Madeleine.
Un événement inouï
illumine le cœur des hommes :
l’éclair de la Résurrection.
Antoinette Dard-Puech, Hors Jeu, n° 29, janvier 1999