Bûcheron enragé contre l’arbre de vie,
Le Mal porte ses coups à notre mariage.
LE POÈME DE LA QUINZAINE
Tous les 15 du mois, une sélection de grands poèmes pour (re)découvrir la poésie de langue française
Peine
L’Homme (Tristan Cabral)
nous irons chercher l’Homme jusque dans ses terriers
et nous lui donnerons la chasse
Travail de nuit (Tristan Cabral)
c’était au temps de la Grande Mort…
Aime-moi
Aime-moi, mon amie, dans la paix et l’amour,
Dans l’espoir essentiel d’être tous deux des saints,
Bientôt, Eyzahut (Cécile Coulon)
Tu as éparpillé des morceaux de mes ancêtres dans tes vallées
sur tes flancs les chevaux endormis ne voient pas ceux
qui montent
ton cimetière au bord d’une vieille église
Verre-Satan (Xavier Grall)
Alcools, doux alcools, chers Satans ! Quand le diable transporta Jésus sur la montagne, par delà les orges, les blés, les jardins, quand il le poussa dans la rocaille désertique rouge, meurtrière, il le tenta non seulement par le pain mais par l’alcool.
Des hommes et des loups (Vénus Khoury-Ghata)
Ce que nous prenions pour appels étaient
nos voix qui nous revenaient
la pierre qui se détachait
de la montagne ne portait aucun message
Château de l’air (Yves Cosson)
Brocéliande agonise
Brocéliande a brûlé
Col du grand bois (Jean Joubert)
Avant le col, un sanglier franchit la route traînant derrière lui des guenilles de brume, s’enfonce dans la futaie où la neige craque.
Je retourne sans toi… (Pierre Guérande)
Je retourne sans toi dans ton pays de Flandre
tu as laissé là-bas tant de parfum léger
tant de beauté farouche arrimée dans l’oubli
et tant d’inoubliable enchâssé dans la lande
Le visage d'Annick (Jean-Claude Demay)
À Annick
Femme-liane (Jean-Claude Demay)
Elle la femme-liane la bien-aimée
La très-chérie la toute-douce la très-belle
L’éternelle fiancée aux doigts orchestrant les caresses du cœur
Ô la tendre épousée de mariale Foi
Bienheureux l'alcoolique (Jean-Claude Demay)
Bienheureux l’alcoolique il a Dieu en lui
Il ignore toujours il ne sait pas encore
Que se lèvent pour lui les plus belles aurores
Et ces soleils nouveaux et l’étoile qui luit
Ma sœur ô mon amie (Jean-Claude Demay)
Ma sœur ô mon amie je ne te connais pas
Du fond du cœur pourtant je comprends ton alcool
Moi aussi j’ai suivi ton chemin pas à pas
Et je me suis plongé dans la jouissance folle
Ce ne fut pas une vie (Jean-Claude Demay)
Ce ne fut pas une vie, non, ce ne fut pas une vie, mais une agonie, une mort lente très vive, un cauchemar sans fin, et maintenant que je me sens toucher au terme, que mes actions et mes pensées, mes sentiments me semblent tous marqués d’une implacable fatalité, je m’insurge contre le principe, surtout le fait de vivre, et je prétends que comme moi beaucoup de gens ne vivent pas, ou que s’ils vivent ce n’est que par impossibilité, impuissance à pouvoir ne pas être, car n’est-ce pas la volonté de néant, d’inexistence absolue, qu’ils cherchent désespérément ?