Ici-bas le Bonheur doit porter un visage.
Lorsqu’il demeure épars il n’est point le Bonheur,
Jamais il ne saura contenter notre cœur ;
Même pour un moment, il nous faut davantage.
Sans quelque amour humaine, il n’est rien qu’un mirage ;
Et toute la Nature, et toute sa fraîcheur,
Sans passer à travers quelqu’un n’ont de douceur,
Et ne sont qu’une faible et décevante image…
Comme je t’ai connu dès mes plus jeunes ans,
Moi, je n’aurai pas dû le chercher bien longtemps ;
Dès que je t’aperçus sitôt, je devins sûre,
Que rien qu’en te voyant je venais de l’avoir…
Et toujours mon Bonheur a porté ta figure,
Pendant toute ma vie et sans me décevoir.
Mathilde Delaporte, La Glèbe humaine, Albert Messein, éditeur, Paris, 1928