En déshérence (Adolphe Retté)

L’arbre des âmes frissonnant
Au souffle aveugle et qu’on redoute
Au souffle dur d’un froid Néant,

La Chanson de Nirvanâ II (Adolphe Retté)

Donc c’est la forêt du mensonge, morne dans la Nuit :
Jets d’eau très-loin, lente musique d’ennui
D’où le rêve lassé s’essore à petit bruit ―

La Chanson de Nirvanâ IV (Adolphe Retté)

Le carillonneur se penche
et regarde en bas vers la ville,
les cloches ont de lourdes cadences
et pleuvent en cris noirs sur la ville ―

Le glas (Adolphe Retté)

Ah, les Voix, mourez donc, mourantes que vous êtes.
PAUL VERLAINE.


Le rêve se fut contenté de perpétuels liminaires
et pourtant s’assoiffait d’ivresses incertaines
et se plaignant d’illusoires chaînes
s’attardait au seuil de lumière
vers toi la coupe inépuisable et débordante de sanglots
           où de chers pleurs coulent à flots

À la tristesse (Adolphe Retté)

I

Des oiseaux blancs et des parfums mélancoliques
Volaient indolemment autour de ton sommeil ;
Nous avions parcouru des pays sans soleil ―
Ô brume, ô goélands, ô pâleurs idylliques.

Je suis d’avant la terre (Anne Fontaine)

Je suis d’avant la terre. L’eau primordiale est ma patrie. Pourtant, moi, Sirène, je ne suis heureuse que parmi vous. Entre deux vagues, à marée haute, j’ai vu vos toits d’ardoise bleue, j’ai entendu les cloches de vos clochers, j’ai senti l’odeur de vos vergers. Plus tard, le sable rose, la plage ourlée de bruns oursins, une nacelle ramenant les filets ; en vol plongeant, des mouettes dans son sillage. L’aube, soudain, jaillit des pins, et mon cœur s’est ému. Depuis lors, entre deux vagues, à marée haute, à marée basse, je vous cherche toujours. J’aime la terre dans son entier. Les raz de marée, ni les tremblements de terre n’ont ébranlé ma foi. Et pourtant…