Rien : des rêves, des rêves
flottants et discords,
Des abîmes béants peuplés
d’images brèves,
Et plus rien ! et c’est
tout ce qui nie reste encor
Des travaux où s’usa
ma jeunesse : des rêves !
Insensé, j’espérais expliquer
l’Univers
Et me désaltérer à ta rude
fontaine,
Ô Savoir, et vous suivre, ô Sages, à
travers
Les sentiers indécis des vérités
lointaines.
Mais d’être revenu de si loin, je suis
las...
Ah ! Tout est vide et tout égal et tout s’en
va
Et tout revient, hélas ! et mon âme est
blessée
Et des rêves, le soir, montent des mers
d’oubli,
Rêves vertigineux qui furent mes pensées
Et passent en creusant dans mon cœur affaibli
Le doute, plaie ouverte aux vents de l’Infini.
Maurice de Noisay, L’Âme en route, 1905