(Fragment)
Vents qui venez des champs et dont les pas légers
Font
à peine là-bas, ployer les orangers...
Hélas
! si vous cachez dans les plis de vos ailes
Quelques soupirs
d’amour, ou quelques étincelles
De ce regard
profond qui fait tant d’envieux,
Quelques chants de son
cœur, ô vents délicieux,
Versez, versez-les
moi, comme ces tièdes pluies
Que vous portez souvent aux
campagnes fleuries.
J’ai vu les tourbillons qu’ont
soulevés vos pas
Pivoter sur les flancs des collines,
là-bas...
Je les ai vus courir, danser comme des fées
............................ et souffler leurs bouffées
Sur l’humble toit de chaume... Hélas ! sur
l’humble toit
Où peut-être à présent
l’on se souvient de moi ;
Où peut-être, à
l’écart, la pauvre jeune fille
Regarde tristement
la montagne qui brille,
Et dit, en essuyant une larme : —
C’est là !
Oh ! l’hiver est moins triste en son pâle climat,
La
tombe a moins de deuil, la nuit moins de silence
Que l’amour
dans nos cœurs sous le ciel de l’absence.
Ignace Nau (1812-1845)