Quelque chose sanglote en mon âme, ce soir,
Ce soir
triste, ce soir douloureux de novembre,
Où les grands
cieux pensifs, sous leurs longs voiles noirs,
Seuls, jettent
leur éclat sombre en la vaste chambre.
Autour de moi s’élève un parfum lent et doux
De chers désirs éteints et de défuntes
roses,
Et dans mon cœur où gît un rêve
étrange et fou,
J’entends pleurer tout bas l’âme
même des choses.
Les souvenirs discrets, beaux et grands papillons,
Mystérieusement glissent dans la pénombre ;
En
vain je veux chasser l’énervant tourbillon,
Ils
tournent, et leurs cris sont des râles dans l’ombre.
Ô toi qui maintenant tiens mon cœur asservi,
Petite
Idole aux yeux si doux, aux mains si blanches,
Que n’es-tu
là ce soir, pour que mon front meurtri,
Mon front las,
doucement, sur ton sein blanc se penche ?
Que n’es-tu là ce soir, ce soir mystérieux,
Où mon âme a besoin d’un souffle de
tendresse,
Ce soir où tout se meurt en mon cœur
déjà vieux
Où languit mon amour et sourit
ma tristesse.
Louis-Henry Durand, Roses Rouges, 1916