Ne me dis rien. Tais-toi. Toute parole est vaine.
Je connais
tous les mots de tendresse et de foi
Qu’ont murmurés
des voix chères comme la tienne.
Les mots sont vains et
les serments sont faux. Tais-toi.
Je ne veux rien du cœur peu sûr. Offre tes lèvres.
Ta bouche brune est vraie et bonne comme un fruit,
Qu’elle
soit, dans l’accord passager de nos fièvres
La
fleur mystérieuse éclose dans la nuit.
Tais-toi, pour que demain, après nos heures folles,
D’un
éphémère lien il ne subsiste en moi
Que le
cher souvenir de lèvres sans paroles
Et d’une âme
enivrée et muette. Tais-toi.
Damoclès Vieux, L’Aile Captive, 1913