Lorsque vous oublierez que vous m’avez tenue
Captive
entre vos mains, comme une chose à vous,
Lorsque vous
serez las de mon amour très doux,
Pour le dire, attendez
que la nuit soit venue.
Vous ne pourrez pas voir mon visage défait,
Ni mes
yeux désolés, ni ma bouche tremblante,
Car
l’ombre voilera ma douleur accablante ;
Attendez que le
soir soit venu tout à fait.
Attendez que le vent fasse gémir les arbres,
Et
pleurer dans leurs nids tous les oiseaux des bois,
Et vous
n’entendrez pas les sanglots de ma voix,
Ni le cri de mon
cœur plus glacé que les marbres.
Attendez que l’orage ait assombri les cieux,
Et qu’il
pleuve très fort, près de nous, sur la route,
Et
dans la nuit, vous confondrez sans doute,
Avec les pleurs du
ciel, les larmes de mes yeux.
Un jour vous oublierez que vous m’avez tenue
Captive
entre vos mains, comme une chose à vous,
Alors pour me
le dire, ayez des mots très doux ;
Attendez, mon amour,
que la nuit soit venue.
Ida Faubert (1882-1969)