Eh bien ! non, cependant, il faut vivre, alors même
Que
le courage est mort et l’espérance à bout,
Vivre
et s’évertuer, vivre en dépit de tout,
Et
porter l’endurance à la limite extrême.
Qui donc a jamais su ce que sa droite sème
Dans les
champs infinis du possible, où, partout,
La sève
du mystère éternellement bout,
Et la moisson
promise avant l’heure suprême.
Le spectacle du monde, incessamment divers,
Est le même
en tous lieux, dans notre humble univers ;
L’aspect
change, le fond est toujours identique.
Le printemps clairet doux suit l’âpre et sombre hiver,
Les vainqueurs d’aujourd’hui sont les vaincus
d’hier,
Et la vie est, alors, sublime et magnifique.
Léon Louhis, Port-au-Prince, 14 janvier 1915