Qu’on parle tout bas : la petite est morte.
Les jolis
yeux clairs sont clos à jamais ;
Et voici déjà
des fleurs qu’on apporte...
Je ne verrai plus l’enfant
que j’aimais.
Je rêve sans doute et l’enfant sommeille :
Pourquoi,
près de moi, dit-on qu’il est mort ?
Pas de bruit
surtout ! Que rien ne l’éveille !
Ne voyez-vous
pas que ma fille dort ?
Mais elle a gardé la bouche entr’ouverte ;
Sa
joue est bien pâle et son front glacé ;
Son petit
corps semble une chose inerte...
Agenouillez-vous, la mort a
passé !...
...
Alors, c’est fini ! tes prunelles closes
Jamais ne
verront le ciel rayonnant !
Tu dors pour toujours au milieu des
roses,
Toi, mon sang, ma chair, ô toi, mon enfant !
Je ne verrai plus ton joli sourire ;
Jamais tes regards ne
me chercheront ;
Tes petites mains qu’on croirait de
cire,
Jamais, plus jamais ne me toucheront !
Adieu, mon amour, adieu, ma jolie !
Je n’entendiai
plus ton rire joyeux !
Ah ! comment guérir ma triste
folie ?
Comment vivre encore ; je n’ai plus tes yeux !
Et voici soudain qu’on ouvre la porte !
On t’arrache
à moi, mon ange adoré !
Mais dans le cercueil,
afin qu’on l’emporte,
Près du tien, j’ai
mis mon cœur déchiré.
Oh ! ne parlez plus : la petite est morte...
Ida Faubert (1882-1969)