Le sommeil d’Alaïda (Coriolan Ardouin)

Sur sa natte de jonc qu’aucun souci ne ronge,
Ses petits bras croisés sur un cœur de cinq ans,
Alaïda sommeille, heureuse ! et pas un songe
              Qui tourmente ses jeunes sens.

Ce cœur sans souvenir, cette âme que ne ride
Nulle pensée humaine, et ce tendre souris
Que l’ange eût envié, cet air pur et candide,
              Ces douces, ces paisibles nuits,

Sont aux enfants ! L’enfance est l’onde bleue et claire
Qui dort au pied d’un roc dans un bassin d’argent.
Que font à l’humble flot le vent et le tonnerre
              Et les soupirs de l’Océan !



Coriolan Ardouin, Reliquiae, 1837